Bulletin Trimestriel Du Fonds Mondial 4, 2018

Source
NSWP

Ces dernières semaines ont été relativement calmes pour le Fonds mondial ; il y a eu peu d’activité concernant les travailleurSE du sexe.

La 40e réunion du conseil d’administration du Fonds mondial a eu lieu à Genève du 14 au 15 novembre. Le conseil d’administration a approuvé le budget de fonctionnement du secrétariat (OPEX) ainsi que le plan de travail du Fonds mondial ; le budget ne dépasse pas le plafond de 900 millions USD prévu par de conseil pour la période 2017-2019.

L’autre décision importante concerne la participation du secteur privé. Le Fonds mondial ne peut pas accepter d’aide financière ou non financière de la part de certaines industries du secteur privé telles que l’industrie du tabac, les fabricants d’armes et l’industrie de la pornographie. Nous avons demandé que l’industrie de la « pornographie » soit incluse dans la liste des industries du secteur privé pouvant potentiellement être mobilisées parce qu’elle fait partie de l’industrie du sexe et concerne les travailleurSEs du sexe. Malheureusement, nous n’avons pas réussi et la pornographie reste exclue de la liste. Notre argumentation aurait probablement eu davantage de poids si elle avait été appuyée par unE représentantEs des travailleurSEs du sexe à la Délégation des communautés du Fonds mondial mais il n’en existe actuellement aucunE.

Le conseil d’administration a pris note des modifications apportées au cadre de participation du secteur privé qui permettra d’encadrer les futures relations avec le secteur privé. Il a également confirmé l’importance du rôle joué par le secteur privé dans le Fonds mondial en termes des ressources mobilisées mais aussi du partage des compétences assurées par les partenaires du secteur privé dans les pays.

La période de dépôt des candidatures pour devenir membre de la délégation des communautés est maintenant passée et il semble bien que les travailleurSEs du sexe ne seront toujours pas représentéEs à la délégation. Ce constat est fâcheux parce qu’elle signifie que seul le responsable principal des programmes de NSWP aura l’opportunité de représenter les travailleurSEs du sexe. Nous encourageons les travailleurSEs du sexe à poser leur candidature dans le futur pour rejoindre la délégation des communautés.

La délégation des communautés a soutenu pleinement la décision du conseil d’administration de financer la continuation des traitements antirétroviraux des personnes vivant avec le VIH au Venezuela suite à la décision plus générale de soutenir les pays en état de crise ayant des ressources limitées.

Nous continuons à faire notre possible pour que le thème de la Transition soit inclus dans l’ordre du jour du conseil d’administration bien notre requête ait été ignorée lors des précédents conseils d’administration. Le conseil reste réticent à l’idée de discuter de ce problème malgré son évidente importance.

Les discussions concernant la méthodologie d’allocation des financements continuent ; le conseil d’administration et le secrétariat considèrent actuellement que la méthodologie d’allocation des financements fonctionne bien. Nous nous réjouissons des progrès accomplis mais il reste encore à améliorer davantage l’accès de nos communautés aux financements. Toutes les propositions de changement de la méthodologie d’allocation des financements seront prises en considération et une décision finale sera prise lors de la réunion de conseil d’administration qui se tiendra en mai 2019.

Une session spéciale sur les droits humains, organisée notamment par la délégation des communautés, s’est tenue pendant la préréunion qui a eu lieu avant la réunion du conseil d’administration. Cet évènement a fait l’objet d’une participation élevée : trois représentants de la société civile ont pu s’exprimer et le secrétariat a tenu une réunion. Stéphanie Seydoux, l’ambassadrice française à la santé mondiale, présidait la session.

Le Fonds mondial a fait une brève présentation qui était positive mais il est évident que nous devons mettre en place de nouvelles mesures pour envisager et mesurer l’impact. Nous avons aussi soulevé la question de l’impact de la criminalisation des populations clés dans de nombreux pays et des conséquences que cela peut avoir sur notre capacité à faire avancer la réalisation des droits humains. Les membres du panel ont tous reconnu que la décriminalisation des populations clés est une étape essentielle à la réalisation de leurs droits humains et demandé que davantage de financements soient débloqués pour soutenir le plaidoyer pour la décriminalisation.

Pendant la réunion du conseil d’administration, le Costa Rica a demandé au Fonds mondial de se concentrer davantage sur les populations que sur les chiffres ; d’autres personnes ont insisté sur le fait qu’il est important que le Fonds mondial continue, dans le cadre de ses subventions, à soutenir les droits humains. Bien que cet évènement n’ait produit aucuns résultats spécifiques, il était important qu’il ait lieu parce qu’il permet que la question des droits humains, et dans une moindre mesure la question de la décriminalisation des populations clés, reste visible et à l’ordre du jour. La décriminalisation de la consommation de drogues et des usagers de drogues fera l’objet d’une attention particulière dans le cadre des subventions accordées à l’Ukraine.

Ce qu’il faut retenir de ce bulletin, c’est que nous devons continuer à faire pression pour que soient résolus les problèmes que rencontre notre communauté. Les progrès sont lents mais ils existent et nous devons maintenir la pression sur le Fonds mondial pour qu’il nous soutienne. Le Fonds mondial promeut, plus que toute autre organisation, la réduction des risques pour les usagers de drogues ; il critique ouvertement la persécution des personnes LGBTI par les États et ses mécanismes, tel que les instances de coordination nationale, offrent aux populations clés une des rares plateformes où elles peuvent s’exprimer au même titre que les autres décideurs politiques. Nous avons besoin de ce soutien pour continuer.