Le présent bulletin trimestriel couvre la période de juillet à septembre 2019 et s’intéresse à la reconstitution des ressources du Fonds mondial, à la couverture sanitaire universelle, aux populations clés, aux changements apportés au cadre modulaire et à HIV2020.
La reconstitution des ressources est sur le bon chemin. Pour la période couvrant les trois prochaines années, l’Allemagne a promis 1 milliard EUR soit une augmentation de 17,5 % ; l’Italie donnera 161 millions EUR ; l’Inde a promis 22 millions USD et la Norvège versera environ 220 millions USD, ce qui représente la donation la plus généreuse si on la rapporte au montant par habitant. Lors d’une téléconférence réunissant les membres du Réseau des défenseurs du Fonds mondial (GFAN), Peter Sands (le directeur exécutif du Fonds mondial) a indiqué qu’il espérait passer la barre du milliard de dollars américains de donations dans le secteur privé. Le montant final ne sera bien sûr annoncé que lors de la conférence sur la reconstitution des ressources (les 9 et 10 octobre à Lyon) mais il semble bien que le Fonds mondial parviendra à lever davantage que les 14 milliards qu’il s’était fixés comme objectif. Le succès de la reconstitution des ressources devrait pouvoir garantir la continuité du financement des programmes destinés aux populations clés grâce aux subventions et par l’intermédiaire de l’Initiative stratégique en faveur des communautés, des droits et du genre (CRG SI). Certains pays ont l’intention de faire leur demande de financement le plus tôt possible. Il est donc important que les travailleurSEs du sexe prennent contact avec leur instance de coordination nationale dès maintenant, de façon à garantir que soient inclus dans les propositions de financements des programmes pour les travailleurSEs du sexe qui sont respectueux des droits humains.
La déclaration politique de la réunion de haut niveau de l’ONU qui s’est tenue la semaine dernière au sujet de la couverture sanitaire universelle (CSU) était décevante car les populations clés n’ont été ni reconnues ni spécifiquement nommées. Certains gouvernements conservateurs ont exprimé leur opposition, ce qui n’est pas nouveau, mais davantage de soutien était attendu de la part des ONG. Le Fonds mondial se positionne comme un partenaire clé dans la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle et devrait affirmer clairement que les travailleurSEs du sexe et les autres populations clés ne peuvent pas en être excluEs. Il était décevant que le communiqué de presse du Fonds mondial salue l’engagement des dirigeants mondiaux envers la CSU. Pour les travailleurSEs du sexe et les autres populations clés, cet engagement est inexistant.
Dans le cadre des investissements à effet catalyseur et du secrétariat du Fonds mondial, le Fonds mondial continue de concentrer ses efforts sur le financement des populations clés. L’équipe de l’Initiative stratégique en faveur des communautés, des droits et du genre (CRG) continue d’encourager vivement les conseillers santé du Fonds mondial et les équipes de gestion des subventions dans les pays à faire tout leur possible pour inclure davantage les populations clés. Il est important de procéder de la sorte afin de s’assurer que l’équipe de l’Initiative stratégique en faveur des communautés, des droits et du genre ne s’occupe pas seule de toutes les questions relatives aux populations clés. Les travailleurSEs du sexe doivent donc continuer à entretenir des relations avec les gestionnaires de portefeuille du Fonds. Il était clair, pendant la dernière téléconférence de GFAN, que les populations clés sont un argument central dans le discours que tient le Fonds mondial aux donateurs potentiels. Ils ont aussi insisté sur le fait qu’ils veulent encourager les pays à investir davantage dans des programmes destinés aux populations clés sous la forme de subventions et d’investissements à effet catalyseur. C’est une bonne nouvelle mais cela n’est pas sans risque. Un des points forts de l’Initiative stratégique en faveur des communautés, des droits et du genre, c’est leur capacité à comprendre les populations clés et les problèmes qu’elles rencontrent. Pourtant, en bénéficiant de davantage de financements, ils pourraient devoir impliquer un ensemble d’acteurs qui ne partagent pas nécessairement les mêmes priorités, ce qui pourrait entraîner des malentendus et mener à des prises de décisions préjudiciables. Il est important que les travailleurSEs du sexe développent des partenariats dans les pays avec le récipiendaire principal de l’instance de coordination nationale, les gestionnaires de portefeuille du Fonds et les équipes de pays. Des relations constructives peuvent aider à dissiper des malentendus.
Le Manuel du cadre modulaire du Fonds mondial, auquel les pays ont recours pour élaborer leurs propositions de financement, a été révisé et modifié pour la prochaine période d’allocation (2020-2022). Le manuel sert au Fonds mondial à organiser les informations relatives aux programmes et aux finances pour chaque subvention, en détaillant son cycle de vie, de la demande initiale de financement jusqu’à l’allocation des fonds et à leur mise en œuvre. Vous pouvez y accéder ici en anglais.
Dans le cadre du Module de prévention, la PrEP est considérée comme une stratégie d’intervention clé auprès des travailleurSEs du sexe, les HSH et des usagerÈREs de drogues. C’est une approche problématique parce que tous les membres de notre communauté ne sont pas convaincus de l’efficacité de la PrEP ou même de la crédibilité de la recherche existante. Le risque existe aussi que les pays investiront dans la PrEP aux dépens d’autres méthodes de prévention. Il ne s’agit pas ici de critiquer ou de vanter les bienfaits de la PrEP mais plutôt de vous encourager à vous informer et à vous assurer que d’autres méthodes de prévention pour les travailleurSEs du sexe sont incluses dans les demandes de financements auprès du Fonds mondial.
L’évènement HIV2020 qui doit se tenir à Mexico en alternative à la conférence AIDS2020 (qui aura lieu à San Francisco et à Oakland aux États-Unis) a bénéficié d’un soutien important. Peter Sands a mentionné, pendant la téléconférence de GFAN, la tenue de HIV2020 et le Fonds mondial devrait y être présent.